14 jours à la Réunion | Jour 8
Un Volcan et du Rhum
Date du voyage : jeudi 12 avril 2018
Ça y est, nous avons dépassé la moitié de notre séjour, il nous reste encore une semaine pour profiter de ces vacances. Et quoi de mieux que de commencer cette seconde semaine par le Piton de la Fournaise, emblème flamboyant de l’île. Et comme la Réunion n’est pas uniquement réputée pour ses paysages légendaires, nous terminerons cette journée par la visite de la fameuse distillerie de rhum : Isautier.
La route du volcan
La route du Volcan est la route qui permet d’accéder au Pas de Bellecombe, l’unique accès aux cratères sommitaux de la Fournaise. Elle commence au milieu de la Plaine des Cafres dans le petit village de Bourg-Murat (où se trouve également la Cité du Volcan, un musée consacré au Piton, et l’OVPF, l’observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise). La route se poursuit ensuite en lacet à travers d’immenses forêts aux hauts arbres qui disparaissent peu à peu à mesure que l’on gagne en altitude. Puis, au détour d’un virage, nous atteignons le Pas des Sables qui nous révèle l’immensité désertique de la Plaine des Sables.

Le lieu porte bien son nom : le paysage qui s’offre à nous est teinté d’une ambiance lunaire, presque martienne avec ses nuances de pourpres issues des scories et lapilli qui le composent. La végétation rase comporte de petits bosquets qui se raréfient à mesure que l’on s’avance dans la plaine. La route qui traverse ce champ aride est parsemée de nids de poule et de roches ce qui rend la traversée plutôt… mouvementée ! Doubler n’est pas évident et comme le secteur est touristique, de nombreux bus sont présents, ce qui ne facilite pas le trajet. C’est néanmoins une expérience très agréable et marrante.

Le Pas de Bellecombe et son rempart
Au bout de cette traversée tumultueuse, où nous avons doublé tant bien que mal quelques bus touristiques, la route remonte jusqu’au Pas de Bellecombe. Là, nous laissons la voiture sur le parking. Plusieurs départ de randonnées sont possibles d’ici pour admirer le volcan sous tous ses angles. Malheureusement, en raison d’un risque d’éruption (niveau d’alerte Vigilance, voir plus bas dans l’article pour plus d’informations), l’accès à l’Enclos était interdit. Pas d’ascension du cratère pour aujourd’hui. Nous optons alors pour une petite randonnée le long du rempart de Bellecombe (Rempart Nord) pour nous rapprocher du Nez-Coupé de Sainte-Rose, lieu de la dernière éruption. En effet, le 3 avril 2018, soit deux jours avant notre arrivée sur l’île, une fissure s’est ouverte sur le flanc Nord à Nez-Coupé de Sainte-Rose et la première éruption de l’année 2018 se produisit pour le plus grand bonheur de tous ! De nombreux éboulements ont eu lieu sur le secteur et le sentier a été définitivement fermé. Nous avons néanmoins pu parcourir une petite portion du trajet et observer au loin la fissue (qui était devenue inactive depuis plusieurs jours).




Le Piton de la Fournaise
Face à nous, émergeant de l’Enclos Fouqué, le Piton de la Fournaise se dresse majestueusement. Il atteint les 2632m d’altitude et en son sommet se trouve deux cratères principaux : Dolomieu et Bory. Il y a pas mal de monde venu l’observer, ce n’est pas pour rien qu’il est la principale attraction touristique de l’île. De plus, il est parmi les volcans les plus actifs de la planète avec une à deux éruptions par an. Ses dernières ayant très majoritairement lieu au sein de l’enclos, elles présentent peu de risques pour la population et offrent donc un véritable spectacle !
ça alors !
Comment prévoir une éruption et évaluer sa dangerosité ?
Prévoir une éruption et mesurer les dégâts qu’elle peut engendrer sont un combat constant pour les organismes de surveillance volcanologique comme l’OVPF, l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise. Grâce à diverses sondes de mesures (composition des fumerolles, sismologie, déformation du sol, caméra, etc.), l’observatoire peut évaluer le risque éruptif à venir avec une précision variable. Afin de réagir au plus vite et organiser les équipes de secours lorsqu’une alerte est lancée, un dispositif ORSEC volcan (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile) a été mis en place spécifiquement pour la Fournaise. Le risque est évalué selon les données transmises par l’OVPF et se découpe en plusieurs niveaux permettant une intervention rapide et adaptée et donc efficace. Détails des différents niveaux d’alerte :
- Vigilance, éruption possible ou présence de risques sur le secteur : séismes, détection de gonflements, effondrements, émission gazeuse, etc.
- Alerte 1, éruption probable ou imminente : activité croissante et intense, création d’une fissure
- Alerte 2, éruption en cours
○ Alerte 2-1, éruption dans le cratère Dolomieux
○ Alerte 2-2, éruption dans l’enclos ne présentant pas de menace
○ Alerte 2-3, éruption dans l’enclos ou en dehors présentant une menace
- Sauvegarde, éruption terminée ou en cours mais stabilisée, l’enclos peut être ré-ouvert partiellement
Lors de l’éruption du 3 avril 2018, l’alerte est montée jusqu’au niveau 2-2.
Sources : reunion.gouv.fr
fournaise.info
ipgp.fr


Le cratère Commerson
En redescendant du Piton, nous faisons une halte au cratère Commerson qui se trouve à 2320m. Ce cratère fait partie d’un ensemble de trois cratères dont il est le plus impressionnant puisqu’il plonge jusqu’à 235m de profondeur ! Marcher le long de cette cavité a de quoi donner le vertige, d’autant plus qu’il n’y a pas systématiquement de barrières et que le vent peut souffler fort à cette altitude. Nous ne sommes pas seuls à passer voir cette structure volcanique et interceptons quelques mot d’un guide sur place qui explique que lors de son éruption, il y a 2000 ans, un considérable volume de lave s’est déversée dans la rivière des Remparts jusqu’au littoral formant ainsi une impressionnante fontaine de lave.
Le cratère doit son nom à l’explorateur et naturaliste français Philibert Commerson (1727 – 1773) qui a étudié la flore et les volcans réunionnais lors d’une année passée sur l’île entre plusieurs expéditions.

Saga du rhum à la
distillerie Isautier
Nous redescendons maintenant du Piton jusqu’à Saint-Pierre pour visiter la distillerie Isautier, l’une des trois plus grandes distilleries de la Réunion (avec Savanna à Saint-André et la Rivière du Mat à Saint-Benoît). Le musée se découpe en plusieurs parties : la visite de la distillerie et la découverte des différentes étapes de la fabrication du rhum (possible en visite guidée), une salle retraçant l’histoire du rhum à la Réunion et enfin, une dégustation !

L'usine de fabrication du rhum
En amont, notre guide nous explique comment la canne à sucre est récoltée, pesée et transportée jusque dans les distilleries. Puis, nous pénétrons une première salle où l’on nous explique l’étape de broyage de la canne à sucre afin d’en extraire le sucre. Le jus récolté, appelé le vésou, est ensuite filtré pour retirer les dernières fibres, la bagasse. À partir de là, il est possible de créer deux types de rhum : le rhum agricole et le rhum traditionnel.
Le rhum agricole
Le vésou extrait est mis en fermentation puis distillé avant d’être stocké dans des cuves en inox pendant 3 mois. Il est ensuite coupé à l’eau pour obtenir le degré d’alcool désiré puis placé dans des fûts en chêne pour être vieilli.
Le rhum traditionnel
Pour obtenir ce rhum, il faut continuer la transformation du vésou pour obtenir d’un côté du sucre et de l’autre de la mélasse, une pâte foncée à l’odeur de réglisse composé de sucre non cristallisé. Cette dernière est envoyée en fermentation puis en distillation. Lors de cette étape, différents alcools vont être séparés : la tête (du méthanol, utilisé comme alcool à brûler ou dans les pharmacies), le cœur (utilisé pour le rhum) et la queue (utilisé dans les parfums notamment). C’est le second qui nous intéresse et que l’on mettra en fût durant au moins 3 mois.
ça alors !
Et le rhum arrangé dans cette histoire ?
Selon la durée de vieillissement et le type de fût, on obtiendra des rhums différents, qu’ils soient traditionnels ou agricole. Il faudra donc 3 mois de stockage pour un rhum paille blanc (utilisés pour les cocktails), entre 1 et 3 ans pour un rhum ambré (cocktails ou dégustation), entre 3 et 15 ans pour un rhum brun ou rhum vieux (dégustation).
Pour du rhum arrangé, il est conseillé d’utiliser du rhum blanc traditionnel ou agricole comme par exemple le Charrette. On y ajoutera de la vanille, des fruits, des épices, etc que l’on laissera macérer un certains temps pour parfumer le rhum.
Sources : Saga du Rhum

Une fois la visite guidée terminée, nous pénétrons une immense salle où l’histoire du rhum à la Réunion est retracée. De nombreuses vieilles bouteilles et étiquetages sont visibles. Nous ne restons pas longtemps dans cette salle, la journée a été longue et nous décidons de passer directement à l’étape dégustation !

Dégustation de rhums
À la fin de la visite, une dégustation de rhum nous attend. Le choix comprends des rhums arrangés et des punchs Isautier ainsi que des rhums vieux de la Rivière du Mât, de Savanna et d’Isautier. Comme nous sommes un groupe de 5 amis, nous avons échangés nos verres et ainsi pu goûter plus de choses. J’ai donc pu tester les rhums arrangés (Exotique, banane flambée, gingembre citron), la liqueur Cahuète (qui a l’odeur et le goût de kinder bueno) et une rhum vieux. C’était très bon, nous avons vraiment apprécié le moment.
Une tour rapide à la boutique et nous voilà à la fin de cette huitième journée réunionnaise !

ça peut servir
adresse, coordonnées, informations en tout genre
184 rue Maurice et Katia Krafft, La Plaine des Cafres
-21.202758, 55.574571
maisonduvolcan.fr
Suivi des éruptions et des restrictions d’accès au cratère
Site web : fournaise.info
Pas de Bellecombe
Route du Volcan, Sainte-Rose
-21.225083, 55.684392
Les randonnées depuis le Pas de Bellecombe
randopitons.re
Cratère Commerson
Le long de la Route du Volcan
-21.20799, 55.64169
Saga du Rhum
Chemin Fredeline, Saint-Pierre
-21.312402, 55.465901
sagadurhum.fr